À l’occasion de la 70e édition du congrès de l’Institut d’histoire d’Amérique française, tenu à Montréal du 19 au 21 octobre 2017, sous la thématique Rencontres et échanges en Amérique française, plusieurs membres du Centre d’histoire des régulations sociales ont présenté les résultats de leurs recherches récentes.
La journée de samedi a été chargée pour les membres du CHRS, qui ont tour à tour pris la parole. Dans la séance matinale, Visages de la pauvreté au tournant du XXe siècle, Noémie Charest-Bourdon (UQAM), candidate à la maitrise en histoire sous la direction de Martin Petitclerc et François Guérard et adjointe de recherche au CHRS, présentait sa communication intitulée « Les faux indigents (1898-1921) ». Dans cette présentation, la conférencière exposait les différents enjeux de la prise en charge des patients indigents dans les hôpitaux généraux de Montréal. Suivait ensuite la communication de Janice Harvey (Collège Dawson) « L’école de réforme de Sherbrooke : modalités de contrôle social et séparation public-privé », une institution encore peu abordée dans l’historiographie. La chercheuse a su montrer les limites de l’intervention du secteur public dans la prise en charge de la délinquance juvénile au tournant du XXe siècle. Au cours de la même séance, Ian Mercier, doctorant en histoire (UQTR) sous la direction d’Yvan Rousseau et Thierry Nootens, présentait « Le logement ouvrier en contexte d’industrialisation : Drummondville (1900-1932) », recherche issue de son mémoire de maitrise. Sa communication exposait les différents modes d’habitation de la classe ouvrière de Drummondville durant la transition au capitalisme. Une courte période de questions suivait les présentations, période où chaque panéliste a su démontrer plus amplement leur maitrise de leur objet de recherche.
La séance Les marginalités entre la répression et l’accompagnement, présidé par Isabelle Perreault (Université d’Ottawa), a été témoin de trois présentations de membres du CHRS. Karine Aubin (Université d’Ottawa), post-doctorante en histoire en collaboration avec Marie-Claude Thifault, décrivait le cas d’un patient nommé Pierre dans sa communication « Au temps de la désinstitutionalisation : analyse d’un dossier médical d’un malade à l’Hôpital Saint-Michel-Archange de Beauport, 1961 à 2006 ». En traçant le portrait évolutif de Pierre, la panéliste exposait par la même occasion les transformations dans les pratiques médicales en matière de santé mentale. Amélie Grenier (UQAM), candidate à la maitrise en histoire sous la direction de Martin Petitclerc et adjointe de recherche au CHRS, abordait les pratiques policières et judiciaires de répressions de la drogue non médicale à Montréal dans sa communication titrée « « La métropole en vedette au sujet de la drogue » : la régulation des utilisateurs et des trafiquants de drogues non médicales à Montréal, 1920-1929 ». Quant à elle, Caroline Robert (UQAM), candidate à la maitrise en histoire sous la direction de Martin Petitclerc et adjointe de recherche au CHRS, s’intéressait à la lutte antialcoolique au Québec avec sa présentation « « Le grand fléau de nos jours » : Le second mouvement de tempérance québécois (1870-1922) ». Dressant le portrait des principaux acteurs impliqué dans ce mouvement, elle a su démontrer l’impact que pouvait avoir les groupes de pression dans la mise en place d’un régime de régulation de l’alcool, mais aussi dans la redéfinition des normes du vivre ensemble au XXe siècle. De nombreuses questions de l’auditoire ont suscité des échanges très intéressants, permettant aux conférencières d’approfondir le sujet de leurs communications.
Finalement, le congrès s’est conclu par la Table ronde Les autochtones et l’histoire du Québec, séance organisée sous l’initiative de Catherine Larochelle (Université de Montréal), membre étudiante du CHRS et doctorante en histoire sous la direction d’Ollivier Hubert. Devant une salle comble, les cinq intervenant.e.s ont pris la parole présentant différentes perspectives de recherche permettant d’aborder l’histoire des autochtones au Québec. Cette séance fort intéressante a aussi soulevé les malaises de la pratique historienne à l’égard de l’histoire autochtone, ne voulant pas la marginaliser ni la pervertir, mais tout en l’intégrant au récit historique québécois. Permettant une réflexion plus riche, cette séance, nous l’espérons, annonce un renouveau et une plus grande ouverture dans les approches de la discipline de l’histoire à l’égard des communautés racisées et colonisées. Fort de nombreuses communications et discussions, le 70e congrès de l’Institut d’histoire de l’Amérique française a vu rayonner les membres du Centre d’histoire des régulations sociales.