Cette liste n’est pas complète.
L’évolution de la programmation du CHRS, qui a orienté une bonne partie de nos travaux vers l’analyse des relations entre les institutions (privées ou publiques) de régulations sociales et les personnes prises en charge, nous invite maintenant à nous interroger plus systématiquement sur le rôle structurant joué par « la famille » dans l’histoire des problèmes sociaux. Nous proposons donc d’approfondir cette problématique, en situant les familles plus explicitement comme cadre de vie matérielle et affective de la majorité des Québécois et en étudiant le rôle de la famille, comme instance sociale, juridique et politique, dans l’organisation sociale.
Si la généralisation de la citoyenneté est l’un des faits marquants de l’histoire occidentale récente, elle n’a pas signifié pour autant la fin des rapports de domination. Des études récentes ont mis en lumière les exclusions faites en son nom, puis ont théorisé la citoyennté comme forme renouvelée de l’exercice du pouvoir dans la modernité. Envisagée ainsi, la problématique de la citoyenneté ne relève plus d’un statut juridique formel préservant l’autonomie du sujet face au pouvoir, mais pointe plutôt vers l’analyse de la transformation des relations de pouvoir autour de l’enjeu politique de la reconnaissance de la «compétence» citoyenne. Une perspective historique permet alors de constater que, de la transition au libéralisme au milieu du 19e siècle à la crise récente de l’État providence, cet enjeu a nettement suivi le rythme de l’histoire du «gouvernement de la misère».
La recherche, qui relève simultanément de l’histoire sociale et de l’histoire du droit, vise à reconstituer l’expérience de la justice tant civile que criminelle par les familles québécoises durant une époque cruciale de la formation des sociétés modernes, soit la transition au capitalisme industriel (1840-1920). Ce projet ajoutera de manière significative à la compréhension d’une problématique centrale en histoire, celle des modalités et de l’évolution des rapports entre sphère privée et pouvoir étatique.
Ce projet sur l’histoire du problème de l’accès aux services hospitaliers au Québec regroupe les chercheurs Martin Petitclerc (UQAM), Yvan Rousseau (UQTR) et François Guérard (UQAC). Il constitue un prolongement de la nouvelle programmation scientifique de l’équipe du CHRS, à savoir Le gouvernement de la misère et la citoyenneté (financement FRQSC 2014-2018).
Ce projet d’histoire orale représente la deuxième et dernière phase d’une recherche sur l’internat de rééducation pour jeunes délinquants de Boscoville (1942-1997). Il vise à recueillir et à analyser la mémoire des pensionnaires et des éducateurs ayant vécu une expérience rééducative et institutionnelle qui a jalonné l’histoire de la protection des mineurs. Fondé modestement au début des années 1940, Boscoville se transforme au milieu de la décennie suivante en un espace thérapeutique moderne, appelé à devenir l’institution-phare du réseau québécois de prise en charge de la délinquance juvénile. Le centre s’impose comme le berceau d’une nouvelle discipline universitaire et d’une nouvelle pratique professionnelle – la psychoéducation – et jouit d’une réputation internationale. En son sein, les sciences de la psyché et de la pédagogie moderne sont mobilisées au profit du travail rééducatif. Sur le plan historique, cette approche thérapeutique axée sur le «vécu relationnel» consacre une rupture avec l’entreprise de disciplinarisation des mineurs initiée au milieu du 19e siècle au sein des écoles de réforme.
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Cette programmation de recherche entend mener une enquête socio-historique sur l’évolution des services de soins de santé mentale des communautés de langue officielle en situation minoritaire, en particulier les communautés francophones de l’Est et du Nord ontariens, ainsi que celle de la région du Montréal anglophone. Ces regards croisés entre francophones de l’Ontario et anglophones de l’Ouest du Québec visent une meilleure compréhension de l’impact des facteurs de langue de service et de culture dans l’offre de services en santé mentale.
Marie-Claude Thifault, historienne de la santé psychiatrique au Québec et au Canada, étudie l’impact de la désinstitutionnalisation sur les communautés minoritaires francophones, en particulier celles de l’Est de l’Ontatio, du début du 20e siècle jusqu’à aujourd’hui. Cette recherche nous aidera à mieux comprendre l’expérience de l’histoire de la réintégration vécue par les communautés francophones du Canada.
Ce projet de recherche porte sur le recours aux lois spéciales afin de limiter le droit de grève depuis 1980 au Québec. Ce sujet a cela de fascinant qu’il permet d’aborder à la fois l’histoire politique et l’histoire du syndicalisme et des relations de travail au Québec. À la suite de la récente loi 12, première loi de ce type à ne pas concerner que des personnes salariées, et dans le contexte d’un usage répété de lois spéciales dans les dernières années au provincial et au fédéral, il ne fait aucun doute qu’il y a une grande pertinence sociale à étudier ce phénomène. En partenariat avec le milieu syndical québécois en vertu du Protocole UQAM-CSN-CSQ-FTQ, ce projet devrait donc permettre de dresser un bilan global des stratégies politiques et juridiques des employeurs et de l’État, de leurs impacts (politiques, économiques, juridiques, etc.) sur les organisations syndicales et les personnes salariées. Au final, nous souhaitons que cette recherche puisse nourrir une réflexion au sein des mouvements sociaux sur l’importance de ces stratégies dans le projet de transformation néolibérale de la société québécoise depuis 1980.
Le projet entend participer à une lecture pancanadienne de l’histoire de la santé mentale au Canada, en s’intéressant spécifiquement au contexte de désinstitutionnalisation qui a marqué le Québec, l’Ontario et le Nouveau-Brunswick. Pour ce faire, cinq axes de recherche seront explorés à partir d’un plan stratégique qui s’inscrit dans les principaux objectifs de recherche du projet canadien Open Doors.
Ce projet s’inscrit dans le prolongement des recherches sur les collèges catholiques québécois pour garçons que nous menons depuis quelques années. Il vise à analyser les modes d’administration ainsi que les effets financiers, sociaux et culturels de ces institutions. L’étude couvre tout le XIXe siècle, une période marquée par la mise en place progressive d’un réseau d’enseignement secondaire appelé à perdurer jusqu’à la Révolution tranquille. À partir des archives économiques des établissements scolaires, nous souhaitons réfléchir à la manière dont ces institutions ont répondu et participé aux transformations de l’économie québécoise et négocié la transition au capitalisme industriel.
Ce projet vise à documenter et mettre en valeur l’histoire de l’îlot Saint-Pierre Apôtre, au coeur de cette paroisse fondée par les Oblats, et de ses diverses composantes ainsi que l’héritage des différents groupes et artisans ayant oeuvré sur le site. Ce vaste projet comprend des activités de recherche en archives, de cueillette de témoignages, de photographies d’objets ou de documents ainsi que des activités de médiation culturelle, de commémoration et de diffusion.
Le CHRS interroge l’historicité des modes d’appréhension et de gestion des problèmes sociaux aux 19e et 20e siècles en prenant la société montréalaise comme principal terrain d’analyse. Son objectif consiste à analyser la trame d’implantation et d’expansion des dispositifs institutionnels de régulation des vulnérabilités et dangerosités dans ce tissu social urbano-industriel spécifique durant la transition entre les formes anciennes de protection et la protection systématisée des programmes sociaux de l’État-providence, du début du 19e siècle aux années 1960.
La remise en question de l’État-providence, et en particulier du système de santé québécois, est au coeur de ce projet de recherche. Cette remise en question a bien signifié la fin du grand consensus social établi lors de la Révolution tranquille. Ce consensus découlait d’une certaine idée des risques sociaux que la collectivité devait assumer, idée qui avait été l’objet de conflits et de négociations depuis les années 1920. Le rôle que devait jouer l’assurance, non pas en tant que simple technique «neutre» de répartition des risques, mais plutôt en tant que forme politique que devait prendre la solidarité dans les sociétés libérales, a été au coeur de ces conflits et de ces négociations. Le présent projet vise donc à éclairer ces enjeux à partir d’une réflexion historique sur la construction des risques sociaux et leur prise en charge par les mécanismes de l’assurance sociale au Québec et au Canada entre 1919 et 1945. Plus précisément, nous analyserons trois événements fortement imbriqués, soit les travaux de la Commission provinciale sur les assurances sociales (1931-1933), ceux de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (1928-1945) et, enfin, les débats entourant l’assurance-maladie entre 1919 et 1945. Si nos hypothèses s’avéraient fondées, nous pourront montrer que la «solution assurancielle» à la question sociale, telle qu’elle a été négociée dans l’entre-guerre, a débouché sur une forme appauvrie du lien social et de la solidarité, posant ainsi les germes des contradictions du système de protection sociale actuel.
L’infrastructure proposée dans le cadre du projet comprend deux éléments principaux : un Laboratoire d’analyse historique des régulations sociales (LAHRS), composante physique, et un Système d’information sur les régulations sociales (SIRS), composante logicielle et informatique.
Ce projet entendait étudier la culture juridique bas-canadienne en examinant le travail des avocats qui plaident devant la justice britannique de Montréal, à un moment où la société coloniale connaît une diversité ethnique croissante. À partir de l’Acte de Québec qui restaure le droit civil français (1774), la médiation des avocats constitue une donnée aussi importante que méconnue du rapport que la population coloniale a entretenu avec l’univers des règles juridiques. Les travaux sur la culture juridique montrent que les façons de faire et de penser en matière de droit s’élaborent souvent dans le contact entre l’homme de loi et le justiciable. Si on connaît bien les insatisfactions de certaines élites britanniques face à ce droit jugé rétrograde ou incompréhensible, on sait en revanche peu de choses des comportements et représentations qu’entretiennent à cet égard certains segments de la population comme les immigrants britanniques qui s’établissent dans la vallée laurentienne. L’hypothèse veut que les avocats — ceux qui représentent les justiciables et règlent en cour les conflits interpellant particulièrement le droit français — participent à un important processus de diffusion et de construction d’une culture juridique originale, faite d’emprunts et d’amalgames. L’analyse du recours en justice et l’étude des procédures judiciaires permettaient d’apporter un éclairage sur ces processus inscrits dans une dynamique judiciaire fondamentalement interculturelle. La période couverte par le projet permettait de saisir les rythmes de cette élaboration interculturelle des façons de faire et de penser en matière de justice et de droit civil.
Cette recherche avait pour but d’analyser les différentes réponses au problème de la pauvreté à Montréal, depuis l’Acte d’Union en 1840 jusqu’à la loi de l’assistance publique québécoise de 1921. Ces réponses sont évidemment très variées, allant des projets charitables de l’élite laïque ou religieuse aux stratégies populaires de survie. L’hypothèse de base avancée par notre équipe était que la pauvreté structurelle, les initiatives populaires pour la pallier, les modes d’assistance qui veulent y répondre, relèvent tous d’une économie de la gestion des risques sociaux spécifiques au mode de régulation libérale qui se met graduellement en place en Occident au cours de ces années.
Cette recherche visait à comprendre les modalités particulières de la transition, entre 1880 et 1960, d’une économie de la prévoyance vers une économie du crédit. Au tournant du XXe siècle, la prévoyance est présentée comme le fondement d’une économie saine, débarrassée des coûts énormes engendrés par le paupérisme, alors que le recours au crédit est moralement et légalement condamné. Après 1945, un renversement à peu près complet s’opère et l’achat à crédit devient une façon courante de consommer. L’endettement personnel, jadis honni, en vient à être considéré comme un facteur essentiel du développement économique. La recherche visait plus précisément à étudier la transformation des comportements des classes populaires québécoises en matière de crédit, d’épargne et d’assurance.
Cette étude s’est faite par segments couvrant chacun un domaine : la prison, les institutions pour mineurs, l’asile, les institutions charitables, les tribunaux (notamment la cour des jeunes délinquants et la cour du recorder). On a pu constater jusqu’à quel point les modes de régulation sociale s’étaient transformés dans le temps. Alors que l’enfermement visait au départ à réprimer et à exclure de la société les personnes perçues comme posant problème, la répression en vint à céder le pas à d’autres types d’intervention – assistancielles, thérapeutiques ou autres – visant au contraire à prévenir la marginalisation et à réinsérer socialement les populations marginalisées.
Ce projet avait pour but de mesurer le fonctionnement de la prison de Montréal, de 1865 à 1913, soit au coeur du processus d’industrialisation qui laissera une marque si nette sur le paysage montréalais. Cette mesure était faite principalement en puisant dans la banque de données informatisées constituée à partir des registres de la prison de Montréal.
Ces recherches visent à développer notre connaissance théorique et empirique de la place et des conditions de développement des procédures d’institutionnalisation au cours de la période de mise en place et de croissance du capitalisme industriel à Montréal, entre 1840-1921. Initialement axé sur les procédures d’enfermement pénal, le programme de recherche a été étendu à l’ensemble des pratiques d’institutionnalisation en matière de régulation sociale, soit en matière pénale, asilaire et charitable. Le regard des chercheurs se porte sur ces institutions non seulement dans leur dimension individuelle, mais surtout comme les éléments d’un réseau dont il s’agit d’interroger la constitution et le développement. Les chercheurs analysent non seulement les politiques, mais aussi les pratiques d’intervention, sans oublier les populations visées par ces interventions.
Cette recherche analysait la mise en place et le développement du réseau institutionnel d’assistance publique et privée, à Montréal, de l’Acte d’Union à la Loi d’assistance publique (1840-1921). Car cette histoire est trop souvent réduite à une monopolisation graduelle par l’instance étatique d’un espace social auparavant occupé par le secteur privé. Cette recherche portait donc sur un réseau d’institutions polymorphe et multifonctionnel, sur un « espace public » de l’assistance qui a sa logique propre, même subvertie par sa clientèle, et où le politique joue un rôle fondamental. Il était centré précisément sur la dynamique institutionnelle de ce domaine de l’activité sociale et sur la place qu’y occupent les autorités publiques. Il entendait caractériser la teneur et mesurer les effets de la césure confessionnelle partageant le réseau d’assistance de l’époque, tout en dressant le portrait et en cernant la stratégie des populations qui en sont à la fois la cible et la clientèle.
Cette étude de la Cour des jeunes délinquants de Montréal vise à examiner les pratiques de ce tribunal en tenant compte du cadre socio-juridique et organisationnel particulier dans lequel il évolue et de la représentation que l’on s’y fait de la délinquance et des délinquants.
Ce projet avait pour but de définir et analyser les rapports qui se tissent entre l’État, les institutions charitables et les clientèles internées, au cours de la période d’émergence et de développement du réseau institutionnel d’assistance à Montréal, soit des débuts de l’offensive catholique en matière sociale, dans les années 1840, jusqu’à la loi d’assistance publique de 1921, première reconnaissance ouverte de la responsabilité de l’État en matière d’assistance.
Le programme de recherche portait sur l’émergence et l’évolution de l’enfermement à Montréal. Au cours de la période allant jusqu’en 1994, l’intention était de couvrir les volets touchant les prisons pour femmes et hommes (de 1850 à 1912, date d’ouverture de la prison de Bordeaux) et des institutions pour garçons et filles délinquants et en danger (de 1850 à 1910, date de création du premier tribunal pour mineurs à Montréal).
La recherche visait à cerner l’histoire des institutions pour mineurs délinquants et en danger dans le milieu francophone de Montréal, de leur début jusqu’à l’institution du premier tribunal pour mineurs (1850-1910).
Ce projet de recherche voulait analyser la dimension historique de l’association et du droit comme phénomènes sociaux, et notamment l’émergence d’une problématique de l’association qui a obligé à reposer dans des termes neufs les rapports entre l’État et l’individu. Cette problématique, aux sources de l’alternative entre le corporatisme et l’État providence, se développe surtout du milieu du 19e siècle à l’aube de la grande crise des années 1930. Son analyse permettait d’étudier le contexte théorique et légal d’apparition de catégories juridiques multiples visant à prendre en compte les multiples facettes de ce phénomène social global qu’est l’association.
Ce projet se voulait une contribution à la compréhension approfondie des origines de la coopération québécoise et des rapports qu’elle entretient avec la sphère politique. Dans le même ordre d’idée, il permettait de saisir dans quel contexte socio-politique Alphonse Desjardins a amorcé son oeuvre, et quels rapports entretiennent les premières caisses populaires avec le vaste monde de la mutualité.
Ce projet de recherche avait un objectif double. D’abord enrichir notre connaissance théorique et empirique des conditions de développement de l’appareil répressif au long de la croissance du capitalisme moderne. Ensuite mettre à la disposition des chercheurs et des étudiants aux études avancées un instrument unique de travail, soit une base de donnée informatisée touchant la population incarcérée à la prison de Montréal du milieu du 19e siècle au milieu du 20e siècle.
Dès 1983, la commission Arthurs soulignait l’urgence de développer la réflexion scientifique et la recherche fondamentale en matière de droit. À ce titre, l’histoire du droit, longtemps parente pauvre de la recherche, a connu un essor remarquable au Canada anglais. On ne peut, hélas!, pas en dire autant du Québec. Ce projet de recherche s’inscrivait donc dans un effort pour combler cette lacune, en interrogeant l’un des domaines les plus méconnus de notre histoire juridique, soit l’émergence d’un droit moderne d’association.
Ce projet de recherche portait sur l’encadrement légal des diverses associations au Québec au 19e siècle. Les trois types d’associations privilégiées sont les associations ouvrières, les associations d’affaires et les associations de bienfaisance. Le but ultime est d’éclairer un aspect très méconnu en histoire du 19e siècle, ici comme ailleurs, soit le rôle de l’État et l’établissement de nouvelles procédures d’encadrement juridique pour certains types de groupements issus de la société civile.
L’objectif du projet était de rendre compte de ce phénomène d’hyper-institutionnalisation au Québec en étudiant ses conditions historiques d’émergence et son développement, jusqu’à l’aube de la Révolution tranquille et la prise en main du réseau par l’État. Dans le même mouvement, nous voulions aussi étudier les débats qu’a suscité ce phénomène dans la société québécoise, et notamment la place occupée dans ces débats par la recherche de solutions de rechange à l’internement des populations.