La programmation scientifique proposée vise à structurer une recherche collective sur les enjeux de redistribution économique et de reconnaissance culturelle pour le système de régulations sociales. Quatre axes structurent cette nouvelle programmation scientifique. Le premier propose un inventaire des régulations étatiques, y compris juridiques, tendant à favoriser la croissance des revenus du capital par rapport à ceux du travail. Le deuxième axe porte sur les traces des injustices économiques et culturelles découlant de la prise en charge des incapacités et des fins de vie. Le troisième axe s’intéresse au long processus d’élaboration de normes de race, de classe, de genre et de capacités à travers les régulations judiciaires de la criminalité et de la violence. Enfin, le quatrième axe s’engage dans une analyse historique des savoirs sur le social qui justifient, et plus rarement contestent, les injustices économiques et culturelles au cœur des systèmes de régulations sociales.
Le présent projet vise à doter son laboratoire de nouveaux équipements informatiques et audiovisuels, en plus de créer une nouvelle infrastructure de recherche. L’infrastructure Histoire des Régulations Sociales (HiRéSo) sera composée d’un système de gestion de bases de données relationnelles et d’une plateforme numérique de création et de diffusion de séries historiques sur les problèmes sociaux. Cette infrastructure sera dynamique, c’est-à-dire que les utilisateurs autorisés pourront y ajouter des corpus documentaires et des jeux de données (dataset), participant ainsi à la création des séries historiques. La réalisation de ce projet fera du CHRS une référence pour l’organisation, la centralisation, l’analyse et la diffusion de données historiques sur une grande variété de problèmes sociaux au Québec. Elle permettra enfin d’approfondir le débat public par la production et le partage de nouvelles connaissances sur la prise en charge des problèmes sociaux au Québec, un enjeu d’importance majeure pour les Québécois et les Canadiens.
À rebours d’une tradition historiographique qui présente le Québec comme nation colonisée ou hostile au colonialisme, nous suggérons que la société euro-québécoise a au contraire développé un imaginaire colonialiste et impérialiste, en particulier au moment de la conquête canadienne de l’ouest du continent. Notre projet vise à réévaluer le rôle joué par la conquête de l’Ouest dans la construction nationale québécoise en prenant le mouvement missionnaire oblat comme point d’entrée d’une étude de l’imaginaire colonial canadien-français dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Située au carrefour de l’histoire sociale, de la sociologie et de la géographie historiques, la recherche proposée vise à reconstituer et à comprendre les parcours de vie des individus, des familles et de leurs descendants en milieu urbain depuis le dernier tiers du XIXe siècle, alors qu’émergent de nouveaux pôles industriels à vocation régionale, jusqu’au seuil des années 1920. Nous nous intéressons de façon toute particulière à l’incidence des ressources des ménages (économiques et sociales) sur les trajectoires des urbains. Dans quelle mesure et selon quelles modalités le patrimoine familial agit-il sur leur destin? Telle est la question centrale abordée ici. Trois villes du centre de la vallée laurentienne retiendront notre attention: Trois-Rivières, Drummondville et Victoriaville.
Dans le Québec du 20e siècle comme ailleurs en Occident, hospices, foyers et résidences du 3e âge sont de plus en plus dédiés à la vieillesse. Parallèlement, « bien vieillir » prend la force d’une injonction qui oriente les politiques publiques, façonne les pratiques des spécialistes, alimente un « marché de la vieillesse » et anime le mouvement du 3e âge. Elle résonne dans les établissements pour personnes âgées, modulant ou réfutant l’ancienne image des mouroirs pour vieilles et vieux démunis. C’est à cette transformation, fort peu documentée, que ce projet sera consacré.