Pour consulter la carte interactive
Quelques mots sur la carte interactive…
Pour mieux rendre compte du réseau des institutions d’hébergement et de confinement à Montréal, nous avons géolocalisé l’ensemble de ces institutions sur l’île de Montréal pour différentes années (1841, 1861, 1881, 1901 et 1921). Vous pouvez naviguer par types d’institution et par année. En cliquant sur un point, une infobulle contenant des informations sur l’institution s’ouvrira. Nous avons associé une image aux institutions quand ceci était possible. Grâce aux cartes anciennes, vous pouvez aussi voir à quoi ressemble le quartier Centre-Sud à différentes époques. Bonne navigation!
Bien que la collecte des données et la géolocalisation des institutions est un projet qui a débuté en 2012 au CHRS[1], la création de cette application cartographique fut réalisée dans le cadre de l’exposition Déjouer la fatalité : Pauvreté, familles, institutions présentée à l’Écomusée du fier monde, du 12 septembre 2019 au 9 février 2020. Cette application n’aurait pu voir le jour sans la collaboration du Laboratoire d’histoire et de patrimoine de Montréal et du Centre interuniversitaire en études québécoises.
Quelques mots sur le réseau…
Avant la Première Guerre mondiale, l’intervention des pouvoirs publics en matière de pauvreté se limite essentiellement à la prise en charge des indigents aliénés et des détenus dans les institutions carcérales. Ce sont principalement les organisations religieuses et laïques qui ont la responsabilité d’administrer et de coordonner le système d’assistance sociale québécois.
En effet, la religion joue un rôle important dans le développement de l’assistance aux personnes en situation de pauvreté dans la plupart des sociétés libérales et industrielles. C’est le cas à Montréal où catholiques et protestants développent leur propre réseau d’assistance à partir du milieu du XIXe siècle. Le réseau d’assistance catholique est dirigé principalement par des communautés religieuses de femmes, dont les Sœurs de la Charité (Sœurs Grises), les Sœurs hospitalières, les Sœurs de la Providence, les Sœurs de la Miséricorde et les Sœurs du Bon Pasteur. L’Ordre des Frères de la Charité joue aussi un rôle dans ce réseau.
Malgré la grande diversité des œuvres, la logique de leurs pratiques charitables est d’une grande uniformité. Il s’agit d’une aide de dernier recours, discrétionnaire et moralisatrice qui n’est accordée qu’aux indigents « méritants ». Ces derniers sont généralement des enfants, des femmes et des invalides miséreux qui ne peuvent compter sur un soutien familial. Les hommes en état de travailler, dont on s’attend qu’ils pourvoient aux besoins de leurs « dépendants » familiaux, reçoivent très peu d’aide.
L’assistance charitable n’a pas l’ambition de sortir les indigents de la pauvreté. Il s’agit bien plus de soigner, de réformer et de moraliser, des objectifs atteints plus efficacement par l’institution d’hébergement et de confinement. D’où l’importance de ces institutions que sont l’asile, le refuge, l’hospice, l’orphelinat, l’école de réforme, l’hôpital ou même la prison qui recueille sa part d’indigents tout au long de la période.
Ces institutions
répondent à des besoins importants pour les familles pauvres. Elles détiennent
cependant un grand pouvoir sur les personnes qu’elles hébergent. Il n’est donc
pas surprenant de constater qu’elles suscitent des sentiments ambivalents.
Symboles de l’acte charitable désintéressé pour plusieurs, elles sont
considérées comme des lieux humiliants et même répressifs par d’autres.
[1] Voir Fecteau, Jean-Marie et Janice Harvey, « Le réseau de régulation sociale montréalais », dans Dany Fougères (dir.), Histoire de Montréal et de sa région, Tome I : Des origines à 1930 (Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2012), 673-715.