Dans le cadre des séminaires du CHRS, Camille Robert et Jaouad Laaroussi, deux étudiants dirigés par Martin Petitclerc, viendront nous présenter leur mémoire de maîtrise, le mercredi 2 mars à 15h.
Titre du mémoire de Camille : Travail gratuit, travail invisible : discours et mobilisation des féministes québécoises autour du travail ménager (1968-1985)
Titre du mémoire de Jaouad : Aux origines du syndicalisme étudiant de combat: “Participer, c’est se faire fourrer!” (1964-1976)
Quand : mercredi 2 mars, 15 h
Où : A-6290, UQAM
Pour voir les prochains événements : https://docs.google.com/document/d/1pymdFrkb87K0Op-sdUUrmfaP7lvqfOmddDTk3ckdn3g/edit?usp=sharing
Résumé du mémoire de Camille Robert
« Toutes les femmes sont d’abord ménagères » : Discours et mobilisations des féministes québécoises autour du travail ménager
Dès la fin de la décennie 1960, la question du travail ménager des femmes commence à être posée au sein des discours des féministes québécoises. Ce travail n’est désormais plus perçu comme faisant partie d’une « nature féminine », mais est envisagé comme un travail productif, aussi indispensable que le travail salarié. Au Québec, plusieurs organisations de gauche et regroupements de femmes prendront même position sur la salarisation du travail ménager durant les années 1970 et 1980, marquant une nouvelle préoccupation quant à la condition des femmes qui l’exercent.
Je souhaite ainsi analyser les discours et les mobilisations des féministes québécoises autour du travail ménager. Jusqu’à présent, l’historiographie des femmes s’est surtout penchée sur les questions de contraception et de travail salarié féminin, en en délaissant les discours féministes autour du travail ménager. Plus largement, l’idée persiste que le mouvement féministe «condamnait» les ménagères, en considérant que l’émancipation des femmes passait nécessairement par l’intégration du marché du travail. Cette vision évacue la subtilité des débats entre les militantes ainsi que tout un pan de la pensée féministe. Enfin, en analysant cet épisode du mouvement féministe, je souhaite mieux comprendre les difficultés rencontrées par les militantes sensibles au travail ménager, tant au niveau théorique que tactique. Pour ce faire, j’ai ciblé la période 1968-1985, car elle couvre l’essentiel des débats et des publications autour du travail ménager dans le cadre du renouveau féministe au Québec.
Résumé du mémoire de Jaouad Laaroussi
Aux origines du syndicalisme étudiant de combat: « Participer, c’est se faire fourrer! » (1964-1976)
La commission Parent puis la réforme de l’Éducation supérieure représentent dans la mémoire collective québécoise un des «acquis» majeur de la Révolution tranquille. Un nouveau mode de gouvernementalité y est alors proposé afin d’harmoniser les relations entre étudiants, professeurs, employés et administrateurs : la «Démocratie de participation». Le syndicalisme étudiant, à travers l’UGEQ (Union générale des étudiants du Québec), embrasse ce projet de démocratisation de l’éducation et de démocratie de participation. Pourtant, L’enthousiasme des premières années, à l’égard du projet de démocratisation de l’éducation, laisse peu à peu place à une désillusion puis à des crises. Dès l’expérimentation par la population étudiante des nouvelles structures de participation, une rupture s’effectue à l’endroit des principes de concertation avec l’État, de participation à l’intérieur des institutions d’enseignement et de représentation à l’intérieur du mouvement étudiant. Cette transformation s’accélérera au moment des occupations d’octobre 1968 puis de la dissolution des véhicules représentatifs étudiants, l’UGEQ et les Association générales étudiantes, en 1969.
Nous suivrons, ici, le fil de l’implantation de la «Démocratie de participation» dans les cégeps et universités puis son rejet par les corps étudiants et professoraux à partir de 1969. Nous affirmerons que le «syndicalisme de combat», autant chez les étudiants que chez les salarié.e.s des institutions d’enseignement, est la conséquence de l’échec du principe de démocratie de participation et par corollaire de l’idéologie Libérale-réformiste de la Révolution tranquille. Ainsi, nous dissocierons le moment libéral-réformiste de l’UGEQ (1964-1968), caractérisé par les principes de participation, de concertation et de représentation, de l’émergence d’un syndicalisme de combat (1968-1976) caractérisé par l’autonomie des associations générales étudiantes en opposition à la participation, les actions de masses en opposition à la concertation comme stratégie politique et le pouvoir des assemblées générales locales en opposition au pouvoir des représentants à l’intérieur du mouvement étudiant.